Une fois n’est pas coutume, la masterclass de ce mois-ci a donné la parole aux chefs de poste.
Si nous savons comment un producteur ou un réalisateur lit un scénario et ce qu’ils en attendent, le scénario passe par la suite dans beaucoup d’autres mains avant de devenir un film ou une série. Notamment par les chefs de poste de l’équipe de tournage.
Quatre chefs de poste sont venus expliquer comment ils lisent et travaillent avec l’outil qu’est un scénario :
- Caroline Champetier, directrice de la photographie (AFC),
- Chloé Cambournac, cheffe décoratrice (ADC),
- Brigitte Schmouker, scripte (LSA),
- et Mickaël Cohen, assistant réalisateur.
Après avoir rapidement expliqué en quoi consistait leur métier, tous ont affirmé choisir les projets sur lesquels ils travaillent en fonction du désir que leur suscite un scénario. Caroline Champetier, Brigitte Schmouker et Chloé Cambournac ont souligné l’importance du parcours émotionnel des personnages sur leur travail. Brigitte Schmouker reconstitue d’ailleurs un scénario par personnage.
La disparition « des pages de gauche », fournissant autrefois les indications techniques à l’équipe de tournage, est fortement déplorée par Caroline Champetier. Pour pallier cette absence, chacun enrichit son exemplaire de scénario des éléments indispensables dont il a besoin. Chloé Cambournac explique utiliser ces pages de gauches dorénavant vierges pour y inscrire et y coller lors de la préparation et des repérages tout ce qui est en rapport avec les décors de la page de droite. La cohérence de la direction artistique et du respect passe donc par un dialogue permanent entre chefs de poste. Pour faciliter cela, Mickaël Cohen met en place sur les tournages dont il a la charge une bibliothèque mobile centrée sur le scénario, accessible à tous et qui rassemble l’ensemble des éléments collectés par l’équipe lors de la préparation.
Hormis Caroline Champetier qui a travaillé avec Anne Fontaine et les scénaristes lors de la préparation de Les innocentes, Brigitte Schmouker, Chloé Cambournac et Mickaël Cohen ne rencontrent que rarement les scénaristes et ne travaillent jamais directement avec lui. De toute façon sur le plateau, tout passe par le réalisateur, et seul lui travaille avec le scénariste.
Lors du tournage de séries, ces derniers n’ayant pas accès à la bible regrettent de ne pas avoir le créateur de la série comme interlocuteur. L’absence d’une vision artistique globale pénalise leur travail et ne leur permet pas d’enrichir le scénario des propositions visuelles des décors ou des suggestions de nuance de langage de la part des acteurs. Faute de connaître l’intention derrière le texte, ils doivent donc s’en tenir au texte et seulement au texte.
Pour conclure tous ont partagé leur passion à permettre à un scénario de devenir un film ou une série.
Merci à l’AFC – l’Association française des directeurs de la photographie de cinéma -, l’ADC – l’Association des chefs décorateurs de cinéma – et à la LSA – Les scriptes associées – pour leur collaboration à l’organisation de cette masterclass.
crédit photo : Sébastien Morin