Le pitch écrit, un travail de conviction

Pitcher son projet, c’est faire une promesse à un potentiel partenaire (producteur, diffuseur). Tout l’art du pitch écrit est de réussir à donner corps à cette promesse, pour convaincre sans survendre son projet ! Retour sur la formation au pitch écrit dispensée par Claire Dixsaut, scénariste et formatrice. Grande première pour Séquences7 : la formation s’est tenue intégralement par visioconférence !

Si la période des festivals est l’occasion de pitcher oralement ses projets, l’art du pitch écrit est tout aussi important, que ce soit dans le cadre de vos échanges avec les producteurs, ou de divers appels à projets (festivals, bourses, résidences…).

« Pitcher, c’est convaincre », rappelle en préambule Claire Dixsaut. Le pitch écrit constitue donc un exercice de communication en soi, que bien des scénaristes redoutent, craignant de ne pas savoir se vendre (l’auteur de ces lignes compris !). Cette méthode mise au point par Claire vise justement à nous transmettre les outils permettant à chaque auteur de surmonter efficacement cette hantise.

Le pitch est en effet une « promesse », annonciatrice du genre de l’œuvre. Et comme toutes les promesses, il s’agit donc de la tenir ! C’est le meilleur moyen d’instaurer la confiance avec un producteur, un diffuseur… Avant toute chose, il faut commencer par savoir à quel producteur on a affaire : plutôt que de pitcher tous azimuts, autant maximiser ses chances en adaptant son pitch écrit à la ligne éditoriale de la société de production visée… Et le pitch doit être à la fois suffisamment clair et explicite quant au genre de l’œuvre pour que le producteur puisse rapidement déduire si le film est pour lui ou non. Un seul mot d’ordre : « Efficacité » !

La Check List, boîte à outils des pitchs écrits

Avant de commencer à rédiger ses pitchs, il s’agit d’établir la « check list » des éléments dramaturgiques du projet : quel est le conflit du héros (ou du personnage auquel le spectateur s’identifiera le plus facilement dans le cas d’une série avec plusieurs protagonistes) ? Éventuellement, quelle est sa faille ? Quel est son problème ? Dans quel piège tombe-t-il ? Qui est son antagoniste ? Pour une série, quelle est l’arène ? Quelles interactions a-t-il avec les autres personnages ? etc.

Une promesse doit aussi être visuelle, insiste Claire : dans la caractérisation du personnage (allure, vêtements, traits comportementaux saillants…), mais aussi dans le choix d’une scène emblématique, sorte de bande annonce du projet, suffisamment évocatrice pour permettre à l’interlocuteur de déjà « voir le film ». Et aussi – surtout ? – réussir à lui communiquer l’émotion que l’on veut transmettre.

Quelques conventions d’écriture maintenant : un pitch s’écrit au présent, avec des phrases courtes (il faut être percutant dès la première lecture, car un scénariste n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne première impression !). Autre impératif : être concis, bien sûr (surtout dans un pitch «  trois lignes ») mais surtout précis, et là, les choix des verbes d’action sont cruciaux. Plus ces verbes sont précis, plus l’ambiance visuelle s’installe… Et, très important : votre pitch doit avoir un rythme avec des « pleins et déliés » (en insérant des questions, des exclamations, une réplique de personnage en style direct…), afin d’éviter l’effet monocorde du résumé à la Téléloisirs !

Les différentes formes de pitchs

Dans la famille pitch écrit, je demande d’abord : la phrase d’accroche (ou Base line, ou encore Tag line) ! Celle qu’on retrouve sur les affiches de cinéma. Ce n’est pas un résumé de l’œuvre, c’est (encore une fois), une promesse, sur le genre de l’œuvre, mais aussi sur l’émotion que l’on veut susciter chez le spectateur… Nb : cette phrase d’accroche peut venir en début d’un pitch plus long.

« Dans l’espace, personne ne vous entend crier…« , Alien, premier slasher de l’Espace!

 

Cette Tag line est à différencier du pitch en une phrase ( ou Log line) ! Plus indiqué pour des producteurs anglo-saxons, l’exercice vaut tout de même le détour afin de se mettre au clair sur son projet. En une phrase, il faut distiller suffisamment d’informations sur l’intrigue, avec bien sûr un maximum de personnalité ! Pour cela, deux recettes possibles : soit on s’appuie sur l’incident déclencheur, le protagoniste, l’action principale et l’antagoniste ; soit sur le protagoniste, l’action principale, l’antagoniste, l’objectif et l’enjeu.

Puis vient le pitch en trois phrases, qui va venir en tête de vos envois de traitements et autres continuités dialoguées. Chaque phrase doit observer des contraintes de fond et de forme. Le tout est de ne pas vouloir trop en dire… La première doit commencer par un adverbe accrocheur (« Quand », « Tandis que », « Comment »), évoquant l’incident déclencheur, le protagoniste (visuellement caractérisé !) et l’objectif ; la deuxième doit décrire l’action centrale du protagoniste (au moins pour le premier acte d’un film), porteuse d’un enjeu (ce que le protagoniste a à gagner ou à perdre), le tout en posant le genre ; et enfin, la troisième phrase doit introduire l’antagoniste et introduire une tension dramatique (suffisante pour inciter le producteur à lire la suite du document !).

Comme le veut l’adage, qui peut le plus peut le moins : un pitch trois phrases permet de rédiger un pitch en cinq phrases…

Vient enfin le pitch en une page, plus détaillé, mais toujours visuel (et précis !), en action, concentré sur l’axe « protagoniste-objectif-enjeu-obstacles ». Et là aussi, plutôt que de terminer par la fin de l’œuvre, le tout est de réussir à ménager une tension dramatique… Avec des modalités spécifiques selon le type de projet (unitaire, long métrage, série).

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