Les confidences des créateurs de MENTAL, la série

Les scénaristes Marine Maugrain-Legagneur et Victor Lockwood ainsi que le producteur Augustin Bernard (Black Sheep Films) ont raconté la folle aventure de la série MENTAL, aux adhérents de Séquences7 lors d’un « atelier du jeudi ».

MENTAL, ça a été le phénomène du festival de la fiction 2019 de La Rochelle, couronné par le titre de « meilleure série  26’ ». Actuellement en cours de diffusion sur France TV Slash, la série raconte le quotidien de quatre jeunes de la clinique pédopsychiatrique des Primevères. Marvin, 17 ans, plus habitué aux gardes à vue qu’aux examens médicaux, y est interné suite à une décision de justice. Il ne comprend pas du tout ce qu’il fait là et le fait bien sentir aux autres pensionnaires et à l’équipe soignante. Pourtant, avec Mélodie, Simon et Estelle, en thérapie depuis quelques semaines, ils vont bousculer le quotidien de la clinique trouvant au passage une forme d’équilibre bien à eux. Entre avancées et rechutes, c’est bien cette nouvelle amitié qui les guérit mieux que n’importe quelle pilule.

Avant MENTAL, il y a  eu « Sekasin », une série finlandaise…. Encore une adaptation ? « Oui et non, répond le producteur Augustin Bernard de Black Sheep Films, société investie dans les formats digitaux et télévisuels. « On voulait éviter le phénomène adaptation de format étranger sous forme de copié-collé. De fait, une fois les droits achetés, il n’est pas resté grand chose de la série originale qui comprenait des épisodes très irréguliers, allant de 4 minutes (plus proche du sketch) à 15 minutes. MENTAL a trouvé son format : 10×20’.

Libre adaptation

On a gardé l’idée de jeunes en souffrance psychique, en institut. « Mais c’est vrai qu’on a apporté de la diversité, on a aussi beaucoup repensé le ton, on voulait une série résolument moderne et pour nous, auteurs, ça passait par un ton cru », résume Marine Maugrain-Legagneur. Et surtout avant d’écrire, on s’est demandé, comme pour un projet de création, de quoi on voulait parler. » La réponse s’est imposée : l’adolescence, l’image de soi, l’amour propre, les liens amicaux, la famille…. Et les troubles mentaux viennent pousser les curseurs. « On ne voulait pas stigmatiser nos personnages et leurs troubles, explique Victor Lockwood, Pour nous, il s’agit d’un spectre de comportements, il n’y a finalement pas beaucoup de différences entre des ados hors institution et nos quatre personnages.» 

Casting d’auteurs

Le projet est porté dès le départ par la production qui en achète les droits. Il a ensuite fallu trouver les auteurs qui correspondaient au projet. « J’ai fait le tour des agents et rencontré Victor qui avait écrit sur Les Bracelets Rouges et voulait lui aussi parler de l’adolescence en souffrance, sans pathos. » Marine (Demain nous appartient, Profilage….) est arrivée plus tard sur le projet, elle-même cooptée par Victor. Et puis, très vite, le réalisateur Slimane-Baptiste Berhoun est arrivé sur le projet. « Dans une telle économie de moyens, c’est important pour nous scénaristes que le réalisateur puisse trouver avec nous les solutions pour adapter l’écriture, rappelle Marine. Par exemple, on a un décor unique et des sous-décors, il fallait éviter la sensation d’oppression et la réalisation très créative de Slimane le permet. »

Un rythme de folie

Septembre 2018 – accord du diffuseur. « A partir de là, tout s’enchaîne à un rythme fou, rappelle Victor. On savait que la diffusion de la série était prévue 12 mois plus tard. Le travail de recherches (plusieurs visites d’établissements et des rencontres avec des pédopsychiatres dont deux sont restées consultantes) est mené de front avec l’écriture. « On s’est alors rapproché des ados français, note Victor. On les a désembourgeoisé, apporté de la mixité sociale…. On ne voulait pas faire une série de lycée : nos personnages peuvent déconner parce qu’ils sont sans parents dans l’institution  mais on ne pouvait pas éluder le fait qu’ils sont en grande détresse….»

Des étapes habituelles d’écriture sont carrément supprimées. « On a négocié de pouvoir partir en production dès le rendu des 5 premiers dialogués, alors qu’habituellement il faut les avoir tous, rappelle Marine…. On a rendu les 5 premiers dialogués V1 en janvier-février et le reste dans la foulée, le tournage commençait au printemps.» Mais, rebondissement…. « Pendant le tournage, auquel on on était invité à assister – ce qui est rare, on a été amené à réécrire encore car le  plan de travail était trop dense. Il a fallu supprimer des séquences, redispatcher les informations qu’elles contenaient dans d’autres séquences et faire des coupes drastiques. »  

Novembre 2019. La série est en diffusion. Elle est très réussie. Juste. Et on vous la conseille fortement. 

atelier du jeudi MENTAL

 

A.L.

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